Le marché mondial de l'acier est entré dans une phase d'ajustement prudent, sous l'effet conjugué des fluctuations de l'offre, de la demande et des coûts. À l'approche de fin 2025, il est devenu essentiel pour les industries consommatrices d'acier, telles que la construction, l'industrie manufacturière et les infrastructures, de comprendre l'évolution des prix à court terme et d'élaborer des stratégies d'approvisionnement efficaces. Cet article propose une analyse approfondie des tendances des prix de l'acier et des recommandations concrètes en matière d'approvisionnement, fondées sur les dernières dynamiques du marché.

Le principal défi auquel est confronté le marché de l'acier est la contraction persistante de la demande finale, notamment du secteur immobilier, premier consommateur d'acier en aval. Selon les données du Bureau national des statistiques, les investissements dans le développement immobilier en Chine ont chuté de 13,9 % en glissement annuel au cours des neuf premiers mois de 2025, tandis que les mises en chantier de logements ont dégringolé de 18,9 % sur la même période. Cette tendance à la baisse s'est directement répercutée sur la consommation d'acier, entraînant une diminution des commandes de produits longs tels que les barres d'armature et le fil machine.

Parallèlement, malgré une légère reprise, le secteur manufacturier peine encore à stimuler la croissance de la demande d'acier. La conjugaison de ces facteurs a entraîné un déclin progressif des taux d'utilisation des aciéries, la production quotidienne de fonte en Chine passant sous la barre des 240 000 tonnes fin octobre pour la première fois depuis des mois – signe évident d'un fléchissement de la production face à une demande atone.

Du côté des coûts, le marché du minerai de fer – un facteur déterminant pour la production d'acier – évolue d'une situation tendue à une situation d'expansion. Après plusieurs mois de forte croissance, les prix du minerai de fer ont commencé à se corriger depuis la mi-octobre, à mesure que les facteurs positifs liés à l'offre s'estompent. Les importations chinoises de minerai de fer ont atteint 116,326 millions de tonnes en septembre 2025, soit une hausse de 11,9 % sur un an, réduisant ainsi le recul cumulé des neuf premiers mois à seulement 0,1 %. La production nationale de minerai a également enregistré un recul moins marqué sur un an, ce qui laisse présager une probable reprise de la croissance de l'offre totale de minerai de fer au quatrième trimestre.

Cette reprise de l'offre intervient dans un contexte de valorisation élevée du minerai de fer. Actuellement, les prix à terme du minerai de fer avoisinent 780 yuans/tonne, soit le 68e percentile de la dernière décennie, tandis que les prix de l'acier (par exemple, les contrats à terme sur les barres d'armature à 3 100 yuans/tonne) ne se situent qu'au 22e percentile. Ce déséquilibre important des profits entre les secteurs du minerai de fer et de l'acier est insoutenable, ce qui laisse présager une nouvelle baisse potentielle des prix du minerai de fer et, par conséquent, une réduction du soutien des coûts à la production d'acier.

L'évolution des stocks constitue un autre signal baissier. Selon les données de l'Association chinoise du fer et de l'acier (CISA), les stocks d'acier des principales entreprises sidérurgiques statistiques ont atteint 15,88 millions de tonnes au cours des dix premiers jours d'octobre 2025, soit une hausse de 8,2 % par rapport aux dix jours précédents et de 28,4 % depuis le début de l'année. Cette accumulation continue des stocks reflète le déséquilibre entre l'offre et la demande, exerçant une pression supplémentaire sur les prix de l'acier à court terme.

En résumé, compte tenu des facteurs susmentionnés, la tendance à court terme des prix de l'acier devrait être prudemment baissière. Au quatrième trimestre 2025, les prix de l'acier pourraient subir une pression à la baisse supplémentaire en raison d'une faible demande, d'un assouplissement des mesures de soutien aux coûts et de niveaux de stocks élevés. Cependant, l'ampleur de cette baisse pourrait être limitée par des réductions ponctuelles de la production (par exemple, la prolongation des restrictions environnementales à Tangshan, dans le Hebei) et d'éventuelles mesures de relance du secteur immobilier. Début 2026, les prix pourraient se stabiliser, voire connaître un léger rebond, si la demande se redresse pendant la haute saison traditionnelle et si les effets des politiques mises en œuvre se concrétisent.

Compte tenu de la baisse attendue des prix, les entreprises devraient éviter les achats en gros à grande échelle afin de prévenir les risques de dépréciation des stocks. Il leur est plutôt conseillé de privilégier une stratégie d'achats fréquents par petits lots, adaptés aux besoins de production. Cette approche permet de réduire l'immobilisation du capital et offre la flexibilité nécessaire pour ajuster les volumes d'approvisionnement en fonction des fluctuations de prix en temps réel. Par exemple, il est possible de mettre en place un cycle d'approvisionnement hebdomadaire et d'ajuster les quantités en fonction des dernières cotations des aciéries et de la tendance du marché.

Si les achats au comptant offrent une certaine flexibilité, les contrats à long terme avec les aciéries garantissent la stabilité des coûts. Il est conseillé de négocier des contrats assortis de clauses flexibles, telles que des clauses d'ajustement des prix indexées sur des indices de référence (par exemple, l'indice des prix des barres d'armature de la Fédération de l'acier de Shanghai). Ainsi, les entreprises peuvent profiter des baisses de prix tout en évitant les ruptures d'approvisionnement. Il est également recommandé d'inclure une certaine flexibilité concernant la quantité minimale de commande (QMC) afin de s'adapter aux fluctuations des plannings de production.

Diversifier ses fournisseurs permet de réduire la dépendance à un seul fournisseur et d'accroître son pouvoir de négociation. Il est conseillé de dialoguer avec les grandes aciéries intégrées et les aciéries secondaires régionales afin de comparer les prix et les services. Par ailleurs, pour les applications non critiques, il est judicieux d'envisager des matériaux alternatifs tels que les alliages d'aluminium ou les plastiques haute résistance afin de réduire la consommation d'acier. Cela permet non seulement de diminuer les coûts d'approvisionnement, mais aussi d'atténuer les risques liés à la volatilité du marché de l'acier.

Mettre en place un mécanisme de veille concurrentielle dédié au suivi des indicateurs clés tels que les prix de l'acier, les niveaux de stocks, le coût du minerai de fer et l'évolution des politiques. S'appuyer sur les plateformes sectorielles (par exemple, Mysteel, CISA) et les services de conseil spécialisés pour obtenir des informations de marché précises et actualisées. À partir de ces données, développer un système d'alerte précoce aux risques afin d'ajuster les approvisionnements dès que des seuils critiques sont atteints (par exemple, une baisse de prix de 5 % ou une augmentation des stocks de 10 %).

Une fois que les prix de l'acier se stabilisent ou montrent des signes clairs de stabilisation (par exemple, une réduction constante des stocks pendant deux semaines consécutives, des mesures de relance politique importantes), les entreprises peuvent envisager une constitution de stocks stratégiques modérés en prévision de la prochaine période de forte demande. Il est conseillé de privilégier les produits à forte demande et de qualité stable afin de garantir la sécurité d'approvisionnement et de bénéficier d'avantages concurrentiels lorsque les prix remonteront.

Le marché de l'acier à court terme est caractérisé par une faible demande et un relâchement des pressions sur les coûts, ce qui se traduit par des perspectives de prix prudentes et pessimistes. Les entreprises doivent s'adapter à cet environnement en adoptant des stratégies d'approvisionnement flexibles, en renforçant la gestion de leurs fournisseurs et en étant plus attentives aux risques du marché. En combinant flexibilité à court terme et planification à long terme, elles peuvent gérer efficacement la volatilité du marché, maîtriser leurs coûts d'approvisionnement et garantir la stabilité de leur production. Face à l'évolution du marché, la surveillance continue et l'ajustement opportun des stratégies demeureront essentiels à la réussite.